Le thème du livre, l’échange des corps, est très intéressant, même s’il a déjà été abordé de nombreuses fois dans la littérature et au cinéma. Marina Lombardi a su traiter ce thème avec sa propre touche et une sensibilité toute féminine. Ses deux personnages principaux sont totalement opposés, mais un accident va les réunir de la manière la plus intime qui soit.
A partir de là, les différences de caractères vont jouer sur la manière pour chacune de ressentir et de gérer ce “problème”. Pour en parler un peu plus, je suis obligé de passer sous spoiler :Nous nous retrouvons avec deux couples, les personnages principaux sont les deux femmes que tout oppose : Guadeloupe/France, Blanche/Noire, ils s’aiment/ou pas, “riche” / “pas riche”, confiance en soi / ou non. Et chacune va se retrouver dans le corps de l’autre, et vivre la situation avec son caractère, mais aussi avec les émotions conservées dans le corps. Il s’agit de la touche personnelle de l’auteur : la personnalité et les souvenirs sont liés à “l’âme” qui a changé de corps, mais celui-ci a conservé les émotions. Ce qui nous donne une Lola active, avec une forte confiance en soi dans un corps sans beaucoup d’émotion d’un coté, et de l’autre une Salomé passive, sans trop de confiance en elle, et débordée par un corps riche en émotion. Cela va entraîner deux manières complètement différentes de ressentir et de gérer la situation. Dans les clins d’oeil nous avons une jolie description des transports en commun français aux heures de pointes vu par Lola qui ne connaît apparemment que la vie en Guadeloupe, et encore, une vie relativement retirée, ce qui est assez étonnant pour une jeune infirmière. J’aurais voulu en savoir plus sur « La Mama » et sur l’héritage qu’elle pense laisser à nos deux héroïnes ; ainsi que sur Camille qui semble devoir être la narratrice de ce récit, mais j’ai trouvé son rôle et sa présence est un peu faible. J’ai bien aimé le concept d’Âme-Soeur tel que l’auteur le développe en puisant dans la mythologie et la philosophie, mais je ne vous en dis pas plus, même sous spoiler, à vous de le lire...
Le vocabulaire un peu approximatif par moment m’a un peu déçu, ainsi que l’aspect un peu trop cliché de la vie en Guadeloupe et que vient y faire le pain bagnat ? C’est plus niçois non ? De même les personnages sont un peu fluctuant tant sur la couleur de peau, mais c’est peut être lié au vocabulaire dont je viens de parler, que sur le caractère
entre autre Lola qui au début n’a peur de rien, est à l’aise partout, et sur la fin à peur des confrontations, en tout cas c’est comme ça que je l’ai ressenti
Si le début m’a semblé un peu faible, ensuite l’histoire trouve son rythme et devient prenante et même poignante sur la fin. Marina Lombardi raconte cette histoire sur une structure assez proche de celle du conte, la morale, enfin une morale, étant les avantages de la vérité sur le mensonge. Une lecture très agréable.