2014-09-15 21:40
Ça y est, j’ai lu un Musso (le grand frère, pas Valentin (ni Pascal) : de lui j’avais lu “Le murmure de l’ogre” qui ne présente pas un grand intérêt si vous n’habitez à pas dans le chouette quartier niçois de Riquier et que vous n’êtes pas curieux de savoir à quoi ressemblaient les rives du Paillon en 1900 et quelques).
Donc si je voulais être médisante, je dirais que j’ai noté un point commun dans la prose des deux frères : cette étrange aptitude à être jeunes mais, de par les tournures syntaxiques et le vocabulaire employés (tantôt simpliste tantôt à rallonge), à écrire un peu comme des vieux, le tout avec un dico des synonymes ouvert sur les genoux...
Je pourrais ainsi dire qu’on a l’impression que l’auteur s’oblige à meubler... Ou qu’il est payé à la ligne... Ou qu’il est parti d’une rédac avec un nombre minimum de mots imposé (et/ou à caser)... Ou qu’il a perdu un pari... Ou, au contraire, qu’il l’a gagné... Ou qu’il souffre d’une grave maladie orpheline qui l’empêche d’écrire 2 fois Bouddha sur une même page mais qui l’autorise à utiliser des expressions comme “doré à la feuille d’or” (des fois qu’on puisse croire que ce soit à la feuille de brick) ou “par effraction” (plus loin dans le roman) à la pelle. Je dirais ainsi que cela donne une musicalité étrange au texte, une rythmique pas naturelle, comme forcée, avec, bizarrement, des redites oubliées et des phrases sinon bancales pour le moins alambiquées (après c’est peut-être que j’ai juste trop l’habitude de lire des traductions). Je dirais que ça m’a maintes fois donné envie de ne pas aller au bout du livre (et pourtant j’en lis des conneries !). Je dirais aussi que si l’on veut écrire sur le thème de la deuxième chance (avec la même journée qui se répète pour permettre au héros d’éviter de foirer sa vie... Ou au contraire lui permettre de la foirer de plein de façons différentes), il faut quand même respecter certains codes : comment voulez-vous influer sur le cours des événements si les individus n’agissent pas de la même façon ? Je dirais donc qu’on pourrait penser que deux idées de départ se sont télescopées et que personne parmi l’écrivain, son entourage et tous les gens de sa maison d’édition n’arrivant à choisir la meilleure, ça a pu donner un truc dans le genre :
« - On dirait que le héros, Ethan, il assisterait au mariage de la femme de sa vie, Céline, mais qu’il n’interromprait pas la cérémonie pour faire comme dans les films parce que ça serait trop cliché... - Ah ouais, c’est bien comme idée ! - Ou alors, comme ça se passe à New York, ça lui rappellerait vachement son histoire d’amour passée avec Ethan et c’est elle qui déciderait d’annuler le mariage à la dernière minute... - Ah ouais, c’est bien aussi ! - Non mais tu m’aides pas là, faut choisir : le principe c’est qu’il revive la même journée... - Attends, te fais pas chier : on va mettre les 2, ça passera. Tu connais l’adage ? “Il ne faut pas prendre les gens pour des cons... - ... Mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont”." (bon ok, j’extrapole un peu)
Je dirais qu’on pourrait croire qu’il s’est senti obligé de rajouter du glauque gratos (à base d’enfant dévoré par un clébs) pour donner dans le sensationnel qui fait chialer dans les chaumières et que niveau suspens, c’est quand même ultra prévisible (que celui qui n’avait pas compris qui était Jessie dès sa première apparition dans le bouquin me jette la première caillasse... Non, pas la tête, pas la tête !!!!). Je dirais qu’il est un peu incohérent, le Ethan, lorsqu’il revient à la marina pour prendre sa moto puisque sa bagnole est en train de tomber en ruine et qu’il repart finalement dans cette même bagnole... À croire qu’il était venu là juste pour se faire casser la gueule.
Je dirais aussi qu’en terme de “dénouement stupéfiant” (dixit la 4ème de couverture), faut aimer le duo “Coup de cœur” de Kenza Farah et Soprano (et pas seulement parce qu’il vous a valu un énorme fou rire un lendemain de cuite) et croire très fort à l’improbable excès de culpabilité d’un tueur à gage (qui assumerait l’entière responsabilité de sa défaite et qui quitterait définitivement le monde du meurtre commandité (voire le monde tout court)... Euh, c’est pas un peu extrême comme décisions ? ).
Mais je ne le ferai pas... Et je ne serai pas médisante ! Pas tant que je serai infoutue de pondre un bouquin et d’en vendre des millions d’exemplaires comme Musso...