L’effet surprise/suspense annoncé dans le résumé : “Matthews Russell va-t-il se perdre définitivement à Trent Creeks à cause d’une fille troublante ou reviendra-t-il pour reprendre sa place à Manhattan ?” est un peu exagéré. Dès le début, l’intrigue est évidente !
Mais de toute façon ce n’est pas un livre à suspense, ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas d’être prenant. La romance entre les deux personnages principaux est plutôt le prétexte pour Adrian Zlarek de promouvoir les thèmes qui lui tiennent à coeur : - la puissance de la lecture par rapport à l’appauvrissement de la télévision
- l’authenticité des vraies relations humaines d’un milieu rural attaché à ses valeurs par rapport à la superficialité des relations liées au show-biz et à la consommation à outrance
Dans son rapport à la lecture, l’auteur élève au rang de muse les “vrais” libraires qu’il présente comme des conseillers et des “initiateurs” par opposition aux vendeurs de “boites” prémâchées par les éditeurs, associé à la promotion à outrance des best-sellers.
Les personnages sont bien décrits, réalistes, profonds, on vit vraiment avec/en eux.
Notre petite libraire trace un chemin initiatique à notre publiciste qui découvre à travers elle non seulement la lecture, mais une lecture riche et puissante.
C’est un détail, mais il est dommage que Adrian Zlarek ait choisie deux noms trop proches : Willow et Wilson pour des personnages importants, la confusion est facile, et même l’auteur se trompe une dizaine de fois en nommant son héroïne Wilson (qui est le nom d’un gros client de l’agence de publicité : Jim).
Quelques citations : Susan avait ainsi élevé la lecture au rang de religion, dépourvue de tout fanatisme et de tout prosélytisme.
De son côté, la télévision servait la grande cause du divertissement et son dessein effroyable pour la régression intellectuelle et sociale. Elle exterminait l’essence même de l’individu en créant un brouhaha permanent au fond des consciences, tout en faisant l’apologie de la forme et des apparences.
Matthews se leva, passa devant la glace appuyée contre le mur, s’arrêta, se regarda et ressentit le plaisir de ne plus s’habiller pour paraître et apparaître. Il se sentait léger. Il était lui-même avec ses impulsions, ses travers, sa nonchalance et sa simplicité.
— Je n’ai jamais autant apprécié la vie depuis tu m’as fait découvrir la lecture. Tout change autour de moi. J’ai l’impression que les choses prennent de l’épaisseur et du sens. Je crois que je me comprends mieux moi-même. C’est une sensation grisante.