2014-05-09 19:13
Jean-Pierre Mathe a écrit avec Silhouette ou les miroirs de l’Asie un récit aérien et poétique pouvant se lire à plusieurs niveaux. Le récit est riche tant sur le fond que sur la forme. Contrairement à ce qu’en disait une critique que j’ai lu récemment à propos de Sur la route - Le rouleau original de Jack Kerouac, le livre dit de référence, ici l’auteur nous permet vraiment de découvrir, et de comprendre, de l’intérieur, une période et une destination mythique : la Route de l’orient des Hippies. Pour ce faire il nous met en alternance dans la peau d’un hippie depuis son “appel”, et dans la peau de cette même personne 22 ans plus tard qui revisite les points clefs de son “Voyage”. Tout au long du récit, et quelques soient les personnages, Jean-Pierre Mathe n’utilise pas de noms propres, mais, avec une majuscule, des noms communs ou des adjectifs correspondants à l’état d’esprit du personnage. L’état d’esprit pouvant évoluer au cours d’une même scène, cela donne une lecture intéressante et prenante. Le “jeune” hippie est principalement appelé “Silhouette” par son aîné, lui même désigné comme l’“Homme”. Pour élargir la perspective de son récit, l’auteur ajoute un deuxième hippie arrivant en décalé et percevant différemment les expériences du personnage principal. Impossible, avec le thème de ce livre, de ne pas parler de drogues. L’auteur ne tente pas d’y échapper ni de l’enjoliver, comme d’autres, sous le fallacieux prétexte qu’il s’agit d’une période lointaine et mythique. Il aborde les différentes drogues de l’époque, leurs prises, les raisons de leur utilisation, leurs pièges. Il n’épargne personne, mais relativise entre les différentes drogues et les habitudes culturelles des différents pays. Il aborde aussi le lien drogue/spiritualité. L’Hindouisme et le Bouddhisme sont abordés par petites touches au fil des diverses rencontres lors de ce long “voyage”. Chaque chapitre nous dévoile une partie forte du voyage de notre hippie dans sa quête de soi, et nous permet quand à nous de découvrir l’Asie du début des année 70, souvent en perspective avec celle des années 90. L’auteur n’uniformise pas l’Asie, mais au contraire nous révèle les particularités et les différences des différents pays traversés. Cette succession de “photos” formant un film “enchanteur” dans notre esprit. Petit bémol, certains passages, entre autre dans le chapitre Népalitude, étaient un peu trop embrouillées et/ou philosophique pour moi.