2018-12-18 08:30
Comment fait-il donc, Khaled Hosseini ? Comment fait-il pour nous livrer des histoires toujours poignantes, pleines de personnages attachants aux parcours difficiles mais si vrais ? Comment fait-il pour que la magie opère à chaque fois ?
Mais... Je dois nuancer quelque peu cet enthousiasme à m’attaquer pour la troisème fois à un roman de Khaled Hosseini. La structure en flashbacks, qui explore au-travers du temps les destinées de ceux qui se croisent de loin ou de près, confère à cet ouvrage un aspect unique dans la bibliographie de l’auteur, même si c’est loin d’être la première fois qu’on croise autant d’acteurs. Certains destins, toutefois, sont plus touchants et plus percutants que d’autres. Celui que j’ai trouvé le moins intéressant, même si c’est très bien fait, lumineux sur la fin et profond à quelques occasions, c’est celui du docteur grec. Sûrement parce que c’est celui qui a le moins de racines en Afghanistan et qui sert plus de messager pour la narration globale qu’autre chose.
Hosseini, concentré sur le devenir de ses personnages qui se retrouvent à travers l’Afghanistan, nous propose un récit moins cruel et plus poétique que dans ses précédents romans. Le fait d’ailleurs de s’attarder sur l’avant et l’après période des Talibans donne un charme indéniable à un pays dont la triste renommée mondiale lui colle à la peau. Les simples descriptions des paysages campagnards et montagneux sur place nous rappellent l’âme du coin, elle-même entretenue par des habitants au coeur souriant, à qui souvent la vie n’a pas fait de cadeau. L’auteur s’attache à nous montrer les bons côtés du coin, les esprits qui la font vivre, mais aussi les tristes aléas de la vie sur place, sans tomber sur la sombre cruauté qui règne dans les autres livres. C’est carrément moins choc que Mille soleils splendides ou Les Cerfs-volants de Kaboul, mais ça a quand même un intérêt indéniable.
Petite parenthèse : je tiens à donner un mauvais point à la traductrice ou aux relecteurs, qui semblent avoir un sérieux problème avec l’accord de l’adverbe “tout”, entre autres énormes fautes qui jalonnent le récit...
Passée cette digression grammaticale, il est intéressant de retrouver dans cet opus de nombreux éléments de la vie de Hosseini, qui vit actuellement dans la Silicon Valley (où j’habite aussi) et qui a passé plusieurs années en France en banlieue parisienne (j’ai grandi très près de la ville de Guyancourt mentionnée !). Au final, ses repères (à l’exception des lieux grecs et afghans) étaient les miens et ceux-ci ont rendu ma lecture plus inclusive, presque personnalisée à force de me faire sourire à reconnaître parfaitement les endroits cités pour y déambuler quotidiennement ou y avoir déambulé tous les jours pendant mon enfance.
Voilà, Hosseini écrit des ouvrages beaux. On sent qu’il ne peut en aucun cas se dissocier de l’Afghanistan, que l’essence du pays coulera dans ses veines à jamais et que ses récits continueront de lier ses personnages au lieu, de près ou de loin. Comme un hommage, comme un héritage, comme un devoir à la fois de mémoire et de réhabilitation.
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