2013-12-07 13:17
Le mythe des Enfers est bien connu de tous, et en a inspiré plus d’un. Laurent Gaudé le revisite dans cette version moderne aux doux accents de « l’Enfer de Dante » ou du « mythe d’Orphée », et en prenant comme point de départ le drame le plus destructeur qui soit, la perte d’un enfant. A partir de là, et dans une narration double, alternant chapitres au passé (1980, l’année du drame) et au présent (2000, le présent de l’un des héros), il explore, de sa plume alerte mais pleine d’une sensibilité qui sonne toujours juste, l’intimité de l’humain, sa tristesse, son deuil sans fin, son désir de revanche, l’éloignement, puis la séparation parce qu’on ne sait plus qui est l’autre, on ne sait plus qui ont est. Ce roman atypique, qui mêle réalité et fantastique sur fond d’Italie et de mafia, n’est pas un roman noir. Non, c’est avant tout une véritable ode à la vie, à l’amour familial, à l’amour tout court. C’est l’histoire de l’amour, de résurrections. C’est un appel à la mémoire, pour que nos chers disparus, part entière de nous-mêmes, ne sombrent pas dans l’oubli. C’est un rappel de ce que nous sommes. Il fait de cette histoire individuelle, une histoire universelle. C’est l’un des plus beaux romans qu’il m’ait été donné de lire. Il m’a bouleversée, mais surtout, au gré des rencontres de Matteo avec des personnages en marge de la société, mais ô combien attachants, au gré des surprises qui m’attendaient à chaque nouvelle page, il m’a apaisée. Et la fin… Ma gorge se serre encore rien que d’y repenser…