2015-11-26 20:15
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur m’a été chaudement recommandé par un ancien collègue il y a déjà près de six ans. A l’époque il ne m’attirait guère, malgré son statut célèbre. Et j’avoue que dernièrement, je n’étais pas plus pressée de l’ouvrir. Il y a de ces romans comme ça qui ont une aura telle qu’on rechigne à les commencer, de peur de ne pas y trouver ce que la masse a encensé. C’est le cas pour celui-là.
L’attrait principal de ce livre réside dans le fait que l’histoire, en focalisation interne, est narrée par une gamine qui bien évidemment comprend le quart des évènements qui se produisent mais soulève aussi toutes ces questions simples auxquelles les adultes ont souvent bien du mal à répondre. Les thèmes du racisme et de la ségrégation sont ainsi racontés d’un point de vue innocent, d’où l’originalité juvénile du roman.
Mais ce parti pris a un prix et de taille : un manque cruel d’action sur plus de 200 pages, et une lenteur de récit parfois pénible. Pourtant, du fait des nombreux dialogues, le livre se lit vite, un petit vent d’humour ingénu faisant parfois sourire. Ainsi, comme la narratrice, on comprend moyennement ce qui se passe, d’où une frustration pour le lecteur adulte qui, tout naturellement, n’en a presque que faire de tous ces jeux enfantins qui, néanmoins et à défaut d’être intéressants, lui rappellent de manière nostalgique ses jeunes années d’insouciance avec ses amis... La délivrance n’intervient qu’à la deuxième partie, laquelle aborde enfin le procès et l’ambiance marquée sur la famille Finch. Cette deuxième partie sonde enfin et de manière concrète le fond principal de ce roman : on aura beau prouver que le Blanc ment, le Noir sera toujours condamné dans cette contrée raciste. Le parallèle effectué avec Hitler et l’extermination des Juifs, en presque fin d’ouvrage, est en outre saisissant, avec cette enseignante qui est profondément et officiellement choquée du sort des Juifs en Allemagne, mais considère officieusement qu’il faut se débarrasser de tous ces Noirs envahissants. Lee a très justement mis le doigt sur une discrimination égale pourtant non considérée comme telle. Un des passages les plus marquants de ce livre...
Parler là d’une lecture intéressante, instructive, démonstrative et originale ? Oui.
Parler là d’un chef-d’oeuvre ? Non. Mais tout le monde sait que ce roman a bénéficié d’un contexte général très parlant à une époque meurtrie soulevant les questions de l’égalité pour tous...
http://livriotheque.free.fr/
http://www.facebook.com/malivriotheque
https://www.youtube.com/channel/UC3O1fss1MLBb5l_M85Z809A