2013-11-14 20:27
Le dernier lapon, premier roman de l’auteur, se déroule en Laponie, aux côtés des Samis, dernier peuple aborigène d’Europe. La police des rennes, mené par Klemet et Nina, vont devoir enquêter sur deux faits apparemment sans lien, le vol d’un tambour traditionnel et le meurtre d’un éleveur. Loin des villes, au coeur de la toundra, dans le froid, les deux collègues vont devoir faire face à l’animosité des habitants, les mystères d’une expédition menée avant la Deuxième Guerre Mondiale et un français à la recherche d’une mine. Le roman se situe dans un cadre très éloigné des standards du polar, loin de la ville, dans la vaste forêt en plein milieu de l’hiver. L’originalité du récit réside dans la connaissance de l’auteur des Samis et de la Laponie, nous immergeant ainsi dans un univers différent et particulier, loin des gangs de rue ou de la mafia outre-atlantique. Les personnages principaux n’ont rien d’héroïque aux premiers abords. Ils font partie de la police des rennes, une sorte de police agricole, veillant sur les différends entres éleveurs de rennes. Klemet, vieux flic proche de la retraite, veille à ne pas faire de vague, Nina, citadine promise à un bel avenir est jeune, souriante. Les personnages secondaires, nombreux, sont loin d’être caricaturés, mais l’auteur arrive, en mettant en avant un trait de caractère ou un trait physique particulier à ne pas nous faire perdre le fil. L’enquête démarre tout doucement et prend du rythme au fur et à mesure jusqu’au dénouement inattendu mais qui se prête le mieux à ce dont nous pouvions nous attendre. Le lien entre l’expédition de 1939 et les faits divers intervenus le premier jour de l’année quand le soleil réapparaît sont finalement passionnant, retraçant ainsi l’histoire des gens et de la communauté Sami sur la dernière moitié du XXième siècle mais aussi depuis leur colonisation. Ce polar est intéressant pour le travail de l’auteur sur la psychologie des personnages, pour son étude sur la laponie, nous faisant découvrir par la littérature une culture en train de mourir, mais aussi par la mainmise de la société actuelle sur les différences, sur le progrès et les profits. Un bon polar qui mérite les prix reçu pour l’enthousiasme que vous aurez à le lire.