Après un début prenant, mais assez classique somme toute, Noël Boudou sème le doute dès la deuxième journée. S’est-il inspiré du film “un jour sans fin” en y ajoutant des bonus ? Il est vrai que la première nuit ne serait pas la plus désagréable qu’il soit à revivre sans fin. Et bien évidemment, je ne répondrais pas à cette question.
Toujours est-il que son personnage à une dépendance forte aux médicaments. Pris à très hautes doses, ceux-ci le propulse vers des périodes de blackout complet ainsi que vers des perceptions particulières de la réalité et du temps. Cette plongée dans son “enfer” n’est pas sans rappeler Boris Vian, entre l’immatériel qui prend vie, voir lui répond, le temps qui fuit ou qui boucle...
Le bonsaï et mon téléphone se foutent bien de ma gueule. Tout ça semble les amuser beaucoup.
Et tout le monde dans la pièce se fout de ma gueule, de la table de nuit aux cadres en passant par les descentes de lit. Tous semblent me dire « laisse tomber, mec ».
La narration est pimentée par la forte attirance du personnage envers les femmes... Pour citer un autre film célèbre : « N’y voyez surtout pas le fantasme de l’homme mais plutôt... Comment dirais-je... ? La recherche créative, le délire de l’artiste »
Cette traversée en eau trouble et mouvante va nous amener, nous, pauvres lecteurs ballottés mais content d’être là, jusqu’au chapitre 21. Celui-ci nous fournit une ancre fort bien venue ma foi. Celle-ci a le mérite de changer le prisme de lecture sans en réduire l’intérêt, bien au contraire.[[Nous passons d’un rôle passif, où nous constations ce qui lui arrivait, à un rôle plus actif pour comprendre le scénario mis en place et dans quelle mesure celui-ci peut être débordé, entre autre avec l’apparition du pistolet.
L’écriture de Noël Boudou est prenante et accrocheuse. Il émaille sa narration de citation de chansons populaires et de petites phrases anticipant la suite de l’histoire et procurant une bonne tension narrative :Je finis par m’endormir sans me douter à quel point mon réveil me mettrait en panique
Si j’avais su ce qui allait se passer ensuite, j’aurais gardé Bob pour dîner et invité un maximum de monde pour éviter de me retrouver seul à la maison.
J’ai aimé la fin, elle termine bien cette histoire en évitant certains pièges. Mais je n’en dirais rien de plus ici, il vous faudra le lire.
Il fait partie de ces livres qui une fois terminé continuent de vivre dans les pensées du lecteur. Il le garde captif par la force des personnages et l’ambiance rémanente. Cela ne donne pas envie d’en commencer un nouveau.
Dans les petits reproches, j’aurais bien aimé savoir comment certaines scènes “vécues/fantasmées” par notre personnage s’étaient réellement déroulées.