Le roi disait que j'étais diable

A travers ce roman historique, Clara Dupont-Monod nous fait revivre le premier mariage d’Aliénor d’Aquitaine et de Louis VII. Ce mariage, politique bien entendu, doit avant tout permettre d’unifier un royaume complètement morcelé en réunissant deux personnages que tout oppose... Entre Aliénor subissant le mariage, impie, proche de la terre, encline au commandement et n’envisageant que l’affrontement comme solution à n’importe quel problème ; et Louis VII qui tombe immédiatement amoureux, pieu, qui s’est consacré à l’étude et à l’église, qui ne devait pas régner et qui privilégie la diplomatie et la discussion en toute circonstance... nous comprenons vite que cette union a peu de chance d’être harmonieuse. L’auteur rend cette tranche d’histoire particulièrement intéressante que ce soit par des descriptions vivantes et imagées ; ainsi que par un récit à la première personne en donnant tour à tour la parole à la reine et au roi. Cela rend le livre très prenant et nous permet de mieux comprendre les incohérences et les absurdités apparentes de ce règne. Clara Dupont-Monod, principalement par la voix de Louis VII, tente d’expliquer le comportement du couple royal par le poids de l’hérédité et des modèles que leur ont laissés leur parents. Nous découvrons aussi la dynamique de ce couple et son évolution, principalement celle du roi sous la houlette de notre célèbre et impétueuse Aliénor. Louis VII passe en effet de ses chers livres et de sa diplomatie à des actes guerriers qui commencent par lui échapper avant qu’il n’en devienne moteur pour aller se briser sur les murailles de Damas en une croisade malheureuse. A cause de la discrétion de l’auteur à propos de la couche conjugale, je me suis demandé pendant une bonne partie du livre si ce mariage avait réellement été consommé. Ensuite avec un enfant, la question ne se posait plus, mais je n’ai pas eu l’impression que les relations charnelles aient été très présentes entre le roi et la reine. En marge de cette histoire, et par le regard d’Aliénor, fille de province, nous découvrons le Paris de l’époque : sale et grouillant de vie. Pour conclure : ce livre, reçu pour ma deuxième participation aux matchs de la rentrée littéraire PriceMinister-Rakuten, est rondement mené. Il m’a permis de découvrir beaucoup de choses sur le petit règne de Louis VII. Je regrette simplement que l’auteur ait arrêté son récit à la fin de ce mariage et n’ai pas continué à suivre Aliénor. Mais peut-être la retrouverons-nous dans un deuxième tome ? 
Pour finir, je vous laisse méditer sur une citation. Est-ce un message de l’auteur sur l’intemporalité des gouvernements ? 

Bien que fictionnel, ce roman donne non seulement une voix à ces reines françaises qu’on a jetées sur le trône en tant qu’accompagnatrices/reproductrices/jolis minois et tais-toi, mais surtout un certain charisme, du pouvoir et des ambitions. On nous présente une jeune fille un brin capricieuse mais bien consciente de nombreux enjeux et qui apprécie la liberté de mouvement et sait l’imposer.
La narration en points de vue alternés apporte une dynamique assez inhabituelle mais appréciable. Toutefois, Louis a souvent un discours enamouré un peu lourdingue, avec une répétition parfois exaspérante de l’effet qu’ont les yeux gris de sa femme sur lui. Elle est tellement froide face à lui que souvent son discours sentimental en devient barbant et trop mièvre. Leur évolution est néanmoins intéressante à suivre.
L’impression d’ensemble, au bout du compte, n’est pas mauvaise, loin de là. C’est un roman agréable mais qui ne restera pas gravé dans ma mémoire pour longtemps.