2014-10-04 16:25
Il est des livres qui vous prennent par la main pour vous envelopper dans une bulle de chaleur. Il est des livres qui vous font rater la cuisson des pommes de terre parce qu’il ne vous reste que dix pages et que vous ne vous sentez pas capable de tenir le repas complet sans être allée au bout (oui, oui, c’est du vécu!). Il est des livres qui font tout oublier, même comment respirer. Dès les premières pages de No et moi, j’ai su que je me trouvais devant un de ces livres, et j’ai su que je n’en sortirais pas indemne. Ce petit ouvrage de rien du tout, acheté d’occasion trois francs six sous allait laisser sa trace, indélébile. Tendre, bouleversant... Mais aussi dur et cruel... Voilà autant d’adjectifs qui pourraient décrire ce roman. Une belle leçon de vie sur le rapport aux autres, sur ces “autres” si différents, en marge de la société, et qui pourtant ont une histoire qui mériterait d’être entendue. Et sur les “autres” comme Lou, dont le cerveau ne fonctionne pas comme celui de la majorité, et que sa différence isole, ou comme Lucas, en échec scolaire, et qui, malgré l’admiration qu’il suscite, est tout aussi seul. C’est l’histoire d’un exposé, d’une rencontre qui va changer leur vie. Et qui m’a transportée de telle façon que je n’ai pas pu faire de pause, et que je l’ai lue sans m’arrêter. C’est l’histoire d’une ado qui ne comprend pas comment le monde tourne, et qui est convaincue qu’un petit quelque chose peut tout changer. C’est une histoire d’amitié, d’amour. Quelle force dans l’écriture ! Quelle beauté dans ce récit ! Et quelle critique dans ces lignes... Un portrait bien laid de notre société, au sein de laquelle brille malgré tout une petite lueur, celle de la solidarité, celle qui dit qu’on ne devrait jamais être seul. Beaucoup ont dit qu’il s’agissait d’un roman pour ado, sans doute à cause de l’âge de protagonistes. Je n’en suis pas sûre. Le sujet est complexe, traité parfois sans détours. Le regard de Lou est lucide, et sa lucidité est parfois douloureuse, laissant le coeur à vif. Je ressens encore ses lacérations. Mais aussi le baume apaisant de son amour. Une trace indélébile je vous disais...